Acquérir une voiture accidentée « Salvage », bonne ou mauvaise idée ?

Rechercher sa future voiture d’occasion a toujours ce petit quelque chose de grisant : trouver la meilleure opportunité, le modèle le mieux équipé, le moteur le plus performant au meilleur prix… C’est comme explorer une mine d’or à la recherche d’une pépite. Et comme souvent, c’est dans les recoins les plus sombres que l’on peut trouver les meilleures affaires… À condition de savoir où l’on va ! 

Parmi ces recoins, les voitures déclarées en « salvage » sur le territoire américain intriguent de plus en plus les particuliers comme les professionnels à la recherche de bonnes affaires automobiles. Et pour cause : ces véhicules déclarés non roulables aux États-Unis pour diverses raisons peuvent s’avérer être de véritables trésors lorsqu’ils sont réparés et homologués correctement sur le territoire européen, pour peu que l’on évite les pièges qui viennent parfois avec.

Alors, acquérir une voiture en « Salvage », bonne ou mauvaise idée ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

Qu’est-ce qu’une voiture dite en « Salvage » ?

Le titre « Salvage » aux États-Unis est attribué à un véhicule ayant subi des dommages jugés trop coûteux à réparer (à hauteur de 80% du prix total du véhicule). Elle peut avoir été accidentée, inondée, volée (puis retrouvée), ou encore incendiée. Ces véhicules reçoivent ainsi un titre salvage de la part des compagnies d’assurance en charge de ces derniers, signifiant qu’ils ne sont plus autorisés à circuler sans réparation et inspection rigoureuse. À l’instar des véhicules français déclarés VEI (Véhicule Economiquement Irrécupérable).

Si ces voitures ne sont pas interdites à la vente, cette dernière s’effectue la plupart du temps lors d’enchères organisées par les compagnies d’assurance et généralement réservées aux professionnels (bien que des exceptions existent selon les États dans lesquels les enchères sont tenues).

Pourquoi vouloir faire importer un véhicule déclaré « Salvaged » ?

Cela peut se résumer en deux mots : le prix et la rareté !

Le statut salvage impacte largement la valeur du véhicule aux États-Unis, ce qui est logique compte tenu de son incapacité à rouler. Cependant, une fois restaurés et homologués en Europe, ces véhicules peuvent représenter des opportunités très intéressantes pour les acheteurs avertis.

Le principal avantage d’un véhicule « Salvaged » est donc son prix d’achat, souvent bien inférieur à celui d’un modèle similaire avec un historique propre. En outre, certains modèles rares ou recherchés, comme les fameuses Muscle Cars américaines (Ford Mustang, Dodge Challenger, Chevrolet Camaro) mais également des modèles plus conventionnels dotés de finitions ou motorisations indisponibles en Europe, peuvent être trouvés à des prix très attractifs dans les ventes aux enchères de véhicule salvaged.

Il est à noter que véhicule salvage ne rime pas forcément avec épave, c’est parfois même très loin d’être le cas ! Les ventes aux enchères étant un marché juteux pour les compagnies d’assurance américaines, certaines peuvent avoir la signature facile lorsqu’il s’agit d’attribuer un titre salvage à une voiture que certains professionnels jugeraient pourtant tout à fait récupérable.

Les limites et dangers de ce type d’acquisition

Au-delà de l’opportunité qu’une voiture en salvage peut constituer pour un particulier à la recherche d’une bonne affaire, il ne faut pas oublier que ce type de véhicule à potentiellement subi des dommages importants et parcouru un long voyage, passant entre les mains de nombreux professionnels dans plusieurs pays différents… À ce titre, il est facile de perdre la trace des opérations réalisées sur un tel véhicule ou tout du moins d’apercevoir des zones d’ombres au sein de son historique.

Le principal danger à l’import d’un véhicule déclaré en salvage aux USA est donc la méconnaissance des dommages et réparations qu’il a subis au cours de sa (tumultueuse) vie de par l’absence d’un carnet d’entretien valable internationalement, avec de plus une responsabilité diluée entre les pays et les professionnels.

S’ajoute à cela le fait que les véhicules en salvage sont illégaux en l’état et doivent faire l’objet de nombreuses mises en conformité à travers les pays traversés pour être autorisés à circuler. Il existe donc une réelle difficulté pour les particuliers et les professionnels non spécialisés à prévoir toutes les opérations mécaniques et administratives nécessaires à la mise en conformité du véhicule dans tel ou tel pays européen (ainsi que leur coût !). Sans un minimum de connaissances et surtout sans un encadrement par des spécialistes, il est donc facile de tomber sur un véhicule mal réparé ou tout simplement inroulable en France.

Pour nuancer un peu les risques relatifs à l’absence de carnet d’entretien officiel des voitures en salvage, des services comme Carfax aux États-unis ou Histovec en France permettent de garder une trace solide de l’historique d’un véhicule grâce à un simple numéro de châssis. Un allié de poids pour toute personne désireuse de mettre la main sur une véritable bonne affaire automobile.

Comment faire importer et immatriculer une voiture « Salvaged » en toute sécurité ?

Avec les avantages et risques liés à ce genre de véhicules bien en tête, il est temps de voir comment se passe concrètement la procédure de vente, d’achat, d’importation et de l’immatriculation française d’un véhicule salvaged.

Comprendre le circuit normal d’importation, de réparation et d’homologation en Europe des véhicules déclarés en Salvage

Acquérir et immatriculer un véhicule « Salvaged » en France passe par un circuit bien précis :

• La vente aux enchères : Cette dernière est réalisée aux États-Unis par les compagnies d’assurances américaines, qui mettent en vente ces véhicules à prix cassés. Ces enchères sont généralement destinées aux professionnels.

• L’achat et l’import en Europe : Les véhicules sont achetés aux enchères par des professionnels puis importés vers l’Europe dans le but d’être reconditionnés.

• Le reconditionnement : Des garages spécialisés, souvent situés en Europe de l’Est (la Lituanie en tête) s’occupent de remettre en état les véhicules fraîchement importés afin qu’ils puissent répondre aux normes européennes.

• La revente aux concessionnaires : Les véhicules sont revendus aux concessionnaires à travers toute l’Europe afin qu’ils puissent être homologués. C’est généralement en Allemagne qu’ils vont se retrouver, le pays possédant le marché de l’automobile d’occasion le plus important en Europe et étant spécialisé dans l’homologation des véhicules en provenance des USA.

• L’obtention de la carte grise et l’importation en France : Le véhicule est acheté au concessionnaire puis immatriculé et importé en France grâce à l’obtention d’une AVDT (Attestation de Vérification des Données Techniques). Ce document permet depuis 2023 d’immatriculer des véhicules non-européens sans COC en France.

Faire appel à des professionnels certifiés pour s’occuper de toutes les étapes de l’importation du véhicule en Salvage

Entre risques de fraude ou de malversation, procédures longues et complexes voire impossibilité pure et simple de mener à bien certaines étapes en tant que particulier, l’achat et l’import d’un véhicule US en salvage doit être faite en lien avec un ou plusieurs professionnels spécialisés à ses côtés !

Point de vue responsabilité d’abord, un professionnel de l’import de ce genre de véhicules possédera les connaissances et les protections nécessaires pour s’assurer à la fois de la conformité des offres des véhicules en salvage ainsi que de la gestion des éventuels litiges ou vices cachés qui pourraient les concerner.

Côté administration, l’intervention d’un professionnel est aussi vivement recommandée étant donné que la mise en conformité d’un véhicule américain, qui plus est en salvage, peut être un véritable casse-tête pour les particuliers et engager des semaines de procédures, entre obtention de l’AVDT et passage à la DREAL. Il est à noter que, en plus d’être conseillée, l’assistance d’un professionnel de l’automobile peut être obligatoire dans le cas du transport du véhicule chez un homologateur (en vue d’obtenir l’AVDT), car un client particulier ne peut pas, de lui-même, effectuer l’enlèvement de son véhicule (l’obtention d’une plaque de transit étant exclue dans le cadre d’une procédure d’AVDT).

Donc acheter sa voiture américaine après un passage en « Salvage », c’est une bonne idée ?

Oui ! Mais à condition d’être bien accompagné pour le faire. Car si les procédures sont lourdes et les risques élevés si l’on s’y prend mal, un véhicule importé en Europe suite à une mise en salvage sera non seulement proposé à un prix extrêmement attractif (on parle de 7000 à 12 000€ de différences pour certains modèles comparés à leur équivalent « propres »), mais permettra aussi aux particuliers d’acquérir des modèles exclusifs au marché américain, avec des options et motorisations introuvables en Europe.

Des outils comme Carfax et des professionnels spécialisés, à l’instar de Carbuzz24 qui possède son propre réseau d’homologateurs partout en Europe, permettent de s’orienter à travers ce dédale de pièges et d’opportunités, alors soyez sûr de bien vous entourer avant de franchir le pas et d’acquérir votre Muscle Car à prix cassé !

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